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Le 25 août 2015 à 16:11 | mise à jour le 08 mai 2020 à 19:24

Histoire du roller et du patin à roulettes de 1760 à nos jours

Histoire du roller et du patin à roulettes de 1760 à nos jours

ReL vous invite à un survol de l'histoire du patinage à roulettes, de la naissance des premiers rollers en ligne au milieu du 18e siècle, en passant par les patins traditionnels au milieu du 19e siècle ou encore les "patins-cycles" un peu plus tard. Rendons hommage ici à l'un des rares historiens du roller, Sam Nieswizski, auteur de « Rollermania » (1991) qui reste la référence incontournable de l'histoire du roller à travers les époques...

Mis en ligne par  Alexandre CHARTIER

Les premiers patins étaient-ils en ligne ou à essieux  ?

John Joseph Merlin (1760)Le patin à roulettes : des origines néerlandaises encore floues

La véritable date de création des premiers patins à roulettes est difficile à déterminer du fait du manque de documentation. L'historien Morris Traub, dans son ouvrage "Roller Skating Through the Years", fait référence à un Néerlandais adepte du patinage sur glace du début du XVIIIème siècle qui n'en pouvait plus d'attendre la période hivernale pour patiner et qui aurait donc créé la première paire de patins à roulettes. On aurait aperçu les premiers exemplaires à Londres à l'occasion d'une représentation au Drury Lane Theatre en 1743, dans une pièce de Tom Hood, mais leur inventeur est inconnu. Le néerlandais Hans Brickner aurait lui aussi créé des patins en fixant des roulettes en bois sous ses chaussures, au début du 18ème siècle, selon James Turner, dans le livre "The History of Roller Skating".

Sam Nieswizski nous a expliqué lors d'une interview que l'on ne savait pas précisément si ces patins possédaient des roues alignées ou non. Les documents anglophones parlent d'une paire de rollers en ligne à roues en métal. Les premiers patins en ligne se sont largement inspirés des patins à glace. C'est donc à 1760 que l'on fixe la date officielle de la création des premiers patins à roulettes de l'histoire.

1760 : le premier patin reconnu de John Joseph Merlin

"On pourrait croire l'invention des patins à roulettes assez récente, mais en réalité, les tout premiers modèles, bien différents des « rollers » que nous connaissons, sont apparus il y a plus de deux siècles".

Un patineur relie Scheveningen à La Haye en 1790 - Source : (c) 2002 - Collectie Atlas Van Stolk - Mémoire des Pays-BasOn attribue l'invention des patins à roulettes à John Joseph Merlin (1735-1803) originaire de Huy, ville de la Belgique actuelle qui était à l'époque en Pays-Bas Autrichiens. Il eut l'idée, vers 1760, d'adapter le patinage sur glace à la terre ferme en fixant des rouleaux en métal en ligne sous une plaque de bois. Pour l'anecdote, les engins étaient peu maniables, l'inventeur s'écrasa dans un miroir de valeur au cours d'une soirée mondaine à Londres et faillit y laisser la vie. Cela fut peut-être la première chute répertoriée dans l'histoire du patin.

1789 : Van Lede (Pays-Bas) sur les traces de Merlin

L'idée du patin à roulettes a fait son chemin en France, avec Maximiliaan Lodewijk Van Lede et ses « patins à terre » qu'il inventa à Paris en 1789 avant de partir pour l'Angleterre. Originaire des Pays-Bas, ce sculpteur a suivi le même chemin que Merlin avant de finir ses jours sur sa terre natale.

1790 : un patineur relie Scheveningen à La Haye

Le jeudi 19 août 1790, un journal met en lumière un Suisse qui a patiné de Scheveningen à La Haye en tenue nationale (avec chapeau de plumes et ceinture orange). Nous évaluons la distance à 4,5 km.

Le texte racontant son exploit précise qu'il :

"exécutait son exercice entre La Haye et Scheveningen en présence de milliers de spectateurs [...] Quelle sorcellerie ! Je n'ai jamais vécu cela, qu'ici l'homme oscille comme s'il était au dessus des mers [...] Il a débuté quelque chose de merveilleux aux Pays-Bas."

1818 : un ballet sur roulettes

Morris Traub indique que des rollers furent utilisés sur scène à Berlin (Allemagne), à l'occasion d'un ballet intitulé "Der Maler oder die Wintervergnügungen" ( " l'artiste ou les plaisirs de l'hiver " ). Les patins y étaient utilisés pour reproduire l'illusion du patinage sur glace. Nous ne savons pas quels types de patins étaient utilisé ni qui les avaient fabriqués.

12 novembre 1819 : le français Petibled dépose le premier brevet de patin à roulettes de l'histoire

Patin Petibled de 1819

C'est bien un français, Charles-Louis Petibled qui a déposé le premier brevet de patins ! Ils sont équipés de deux, trois ou quatre roues en ligne et munis d'un butoir en guise de frein aussi nommé « arrêtoir » , sous forme d'une vis fixée au talon. Ces patins pouvaient être en bois ou en métal. . Le châssis était fixé à la chaussure à l'aide de courroies, tout comme les patins traditionnels de notre jeunesse. Leur inventeur clamait qu'ils pouvaient reproduire toutes les figures du patinage à glace en intérieur, mais en réalité il était difficile de faire autre chose que d'aller tout droit.

1819 : John Spence, inventeur de génie méconnu 

John Spence est un inventeur méconnu mais très prolifique. Cet écossais, cordonnier de métier, a toujours été passionné par la mécanique. Il passait des heures à observer les machines à vapeur. Il créa une machine à mouvement perpétuel, un vélocipède, une maison portable et enfin une paire de patins à roulettes sur laquelle son fils atteignait les 13 km/h.

1823 : Robert John Tyers (Grande-Bretagne) préfigure les rollers en ligne modernes

Robert John Tyers, marchand de fruits de Grande-Bretagne), a créé un patin à roulettes alignées nommé "Rolito" ou "Volito" ("je voltige" en latin) le 22 avril 1823.

Patin de Tyers de 1823

Le châssis présente des ressemblances troublantes avec les modèles actuels : 5 roues alignées comme sur les rollers de vitesse actuels utilisés en compétition, un arrêtoir avant, une butée arrière. Tout y est !

Il est également intéressant de noter, dès à présent, que les roues ont différents diamètres (Principe actuel du "Rockering").

Comme nous le voyons dans le chapitre relatif aux innovations actuelles, ce concept a été réutilisé pour chaque modalité de pratique mais avec des enjeux différents. A cette époque déjà, on a compris que la disposition des roues en arc de cercle rend les patins plus maniables et facilite la prise de courbes. Nous remarquons enfin, le système de freinage déjà présent à l'époque sur l'arrière du châssis et qui n'est pas sans rappeler les tampons de frein des modèles actuels.

1825 : August Löhner (Autriche) ou le patin "tricycle"

August Lohner est un horloger viennois (Autriche) qui déposé un brevet pour une paire de patins à 3 roues disposées à la façon d'un tricycle. Il y a même ajouté un système anti-recul pour ne pas revenir en arrière et pour se propulser plus facilement.

D'autres inventeurs autrichiens tels que Ernst Wessely et Josef Högn réalisèrent des patins à la même période.

1828 : Jean Garcin (France) ou l'art de patiner avec grâce

Les gilets rouges sont des dandys parisiens sur patinsJean Garcin (France) est un patineur à glace soucieux de l'apparence des patineurs. A ce titre, il publia un traité : Le vrai patineur ou principe sur l'art de patiner avec grâce. L'ouvrage est disponible sur google en téléchargement, n'hésitez pas à en lire quelques passages pour retomber dans l'ambiance de l'époque !

En juillet 1828, il dépose un brevet pour son "patin à éclisses" (des barres qui remontent le long des mollets pour améliorer le maintien).et nommé "Cingar". Il est débouté quelques années plus tard suite à une réclamation de Petibled qui fait valoir ses droits.

Il ouvrit une école de patinage et un skating rink qu'il dût fermer suite à de nombreux accidents. Garcin suggèra d'utiliser l'ivoire pour fabriquer les roues.

1829 : Perrine aux Tuileries

La pratique du patinage va rester confidentielle pendant deux décennies. L'histoire fait seulement référence au français M. Perrine qui aurait traversé le Jardin des Tuileries en patins à roulettes pour remporter un pari.

Morris Traub évoque du patinage à Covent Garden (Londres, Grande-Bretagne) au début des années 1830.

En 1843, Mr et Mme Dumas, danseurs professionnels, utilisaient des patins à roulettes dans un pantomime au Théâtre de la Porte-Saint-Martin à Paris.

Les années 1840 : des serveuses à roulettes dans la taverne "Corso Halle" de Berlin

A la fin des années 1840, une taverne berlinoise a trouvé une solution pour attirer davantage de clients : trois ou quatre jolies serveuses en patins travaillaient à la Corso Halle, près de Fischer Bruche, à Berlin.

"A l'instant où un client s'assoit, l'une des demoiselles arrive comme une flèche du fond de la salle, effleure le sol, décrit des courbes habiles au bout d'une table ou d'un groupe de chaises, se redresse au moment où le client pense inévitable qu'elle glisse sur ses orteils, et s'adresse à lui pour connaître ses souhaits."

La Corso Halle de Berlin et ses serveurs en patins (1851)

1849 : Louis Legrand (France) - "le prophète"

Patins Legrand de 1849Le parisien Louis Legrand (alias Constant) est charcutier de métier. Il inventa une paire de patins à roulettes à doubles roues. Le patin, ainsi rendu plus stable, était idéal pour les débutants et les femmes (Traub, 1944). Ce modèle fut utilisé dès la première, le 16 avril 1849, dans le 3ème acte de l'opéra "Le Prophète" de Giacomo Meyerbeer où l'on peut assister à un ballet de patineurs, dans une scène de patinage sur glace. Cette scène rencontra un franc succès chez les spectateurs.

Legrand fut sollicité par Meyerbeer peu avant la première pour fournir les patins, les entretenir et former les danseurs. Le ballet eu tant de succès qu'il fut exporté à Londres et à la Nouvelle-Orléans.

1849 : Paul Taglioni connait le succès avec "Les Plaisirs de l'Hiver ou Les Patineurs"

La même année, le chorégraphe et compositeur de ballets Paul Taglioni, friand de nouvelles inventions à adapter sur scène, connut un succès équivalent avec son ballet "Les Plaisirs de l'Hiver ou Les Patineurs". Il représentait des scènes de patinage sur glace sur le Danube en masquant les roues des patins pour donner l'illusion de la glace. Il alla même jusqu'à reproduire le son des lames sur l'eau gelée.

Le ballet fut joué à l'Académie de Musique de Paris, au Grand Théâtre d'Allemagne, ainsi qu'au Théâtre de sa Majestée, à Londres, le jeudi 5 juillet 1849 au soir. Les patineurs s'améliorant à chaque représentation, le ballet souleva l'enthousiasme des foules et créa une mode du patinage à Londres, quelques années plus tard.

Paul Taglioni triomphe avec Les Plaisirs de l'Hiver

1852 : Gidman ou le tournant des roulements à billes

Le britannique Joseph Gidman aurait déposé un brevet sur une paire de patins équipée de roulements à billes, 30 ans avant leur utilisation industrielle. Ils étaient équipés d'une roue double centrale complétée par deux roues simples à chaque extrémité. Ce modèle aurait été un des premiers à arriver aux Etats-Unis selon Morris Traub, juste avant la Guerre Civile.

1859 : Woodward opte pour le caoutchouc

Parlor Skate de Shaler en 1860

Les matériaux de la seconde moitié du XIXème siècle ne permettaient pas de fabriquer des roues performantes : le laiton, le bois ou la corne utilisés offraient une adhérence précaire et un très mauvais roulage d'autant plus que les sols d'alors étaient bien moins lisses qu'aujourd'hui. Les patins à roulettes, par la suite, ne cessèrent de se transformer, de se renouveler, d'évoluer au fil des modes.

Le confort et l'adhérence des patins étaient toujours été précaires. Woodward créa un modèle doté de quatre roues en caoutchouc d'Inde vulcanisé qui adhérait mieux que le métal sur les parquets. Les roues centrales étaient un peu plus grandes que les roues aux extrémités pour gagner en maniabilité, dans l'esprit des modèles de Tyers et Garcin. Ce patin fut utilisé par Jackson Haines, le père du patinage artistique moderne.

1860 : les patins de Shaler

L'américain Reuben Shaler, originaire de Madison (Connecticut, USA), fabriqua également un patin équipé de roues en caoutchouc. Son modèle phare fut le "Parlor Skate". C'est le premier brevet déposé aux Etats-Unis pour un patin à roulettes. En homme d'affaire averti, Shaler misa beaucoup sur la publicité pour vendre ses produits. Il réalisa des séries de publicités dont une intitulée "Jack Frost Floored" (Traub, 1944).

1860 : les patins-cycles de Bresson

En parallèle de l'émergence des premiers vélocipèdes, naissent les patins-cycles ou patins bicyclettes, des patins à roulettes équipés de roues à rayons qui vont connaître un franc succès jusque dans les années 20. Ils vont permettre aux patineurs de sortir des salles pour conquérir les extérieurs.

C'est aussi au débit des années 1860 que les premiers patins à roulettes arrivèrent sur le sol australien. Une certaine Miss Nellie "Baby" Jackson se produisait en spectacle sur des patins seulement équipés de roues à l'avant. Elle rencontra une audience limitée.

1863 : la naissance des patins traditionnels et le déclin du patin en ligne

Patins Plimpton - Credit: Science Museum

1863 : Plimpton popularise les patins traditionnels

James Leonard PlimptonLes patins à essieux mobiles (quad ou patins classiques) firent leur apparition sous l'impulsion de l'Américain James Leonard Plimpton en 1863. Il nomma son invention : « Rocking Skate ». Plimpton apporta de nombreuses améliorations à ses patins au fil des années, jusqu'en 1908, 3 ans avant sa mort.

En homme d'affaire averti, il développa les lieux de pratique, d'abord à travers les Etats-Unis, puis en Europe.

1884 : Levant Marvin Richardson améliore les patins de Plimpton

Plimpton fait fortune et ne rencontrera de véritable concurrence qu'à partir de 1884 avec l'arrivée des patins de Levant Marvin Richardson. Ce dernier utilise des roulements à billes d'acier qui apportent une glisse incomparable.

On a compté jusqu'à 60 patinoires à Londres et dans sa banlieue en 1876 selon l'ouvrage RollerMania. 

Le "quad" va dominer le marché du roller pendant plus d'un siècle.

C'est à partir de cette période que le patin en ligne va décliner. Plus maniables, et tenant mieux la route que les rollers en ligne, les patins traditionnels permettent de tenter les figures les plus osées. Cependant, les patins en ligne ne sont pas totalement oubliés. En effet, ceux-ci restent plus légers, coûtent moins cher, tout en nécessitant moins d'entretien et de réglages.

Le tournant du roulement à billes

En 1852, l'anglais Joseph Gidman dépose un brevet pour des patins à roulettes équipés de roulements à billes. Il a fallu attendre 30 ans de plus pour trouver les premiers patins à roulettes équipés de roulements à billes. Comme le souligne Sam Nieswizski, L'invention ne date pourtant pas réellement de cette période. En effet, il montre qu'au XVème siècle, Léonard de Vinci a déjà élaboré ce système mécanique. Il en est resté au stade de l'invention dans la mesure où les moyens techniques de l'époque n'ont pas permis de produire ces roulements. Avant lui, des concepts proches auraient été tentés durant la Préhistoire.

Le site Internet de l'entreprise SKF(4) nous indique qu'une forme basique de roulements existait déjà au temps de l'Empire Romain. Une forme de roulements à billes a été découverte dans l'épave d'un bateau datant du règne de l'empereur Caligula en 40 avant Jésus-Christ. Il est intéressant de noter que pour SKF tout comme pour Sam Nieswizski, la véritable percée des roulements ne se fait que dans le courant du XIXème siècle, à l'époque de la Révolution Industrielle.

En 1876, William Brown (Birmingham, Grande-Bretagne), améliore les roulements avec l'aide de Joseph Henry Hughes. Ils conçoivent un roulement dont les deux faces peuvent bouger indépendamment. Ce concept sera réutilisé par la suite pour le vélo et le skateboard.

Toujours en 1876, la première butée avant est utilisée sur les patins traditionnels.

En 1877, une salle de roller est construite rue Veydt, à Bruxelles (Belgique), le Royal Skating.

1880 : le roller à l'ère de la production industrielle

A partir des années 1880, les patins à roulettes sont produits en masse. A cette époque, Micajah C. Henley (Richmond, Indiana) sort des milliers de paires chaque semaine ! Les Henley sont les premiers patins à roulettes dont la tension se règle à l'aide d'une vis, l'ancêtre du mécanisme Kingbolt des quads modernes.

L'américain Levant Marvin Richardson (1884) adopte la solution du roulement à billes de métal. Les patineurs gagnent de la vitesse en faisant moins d'efforts. Cette période est marquée par le début de la production en série. L.M. Richardson perfectionne le modèle de Plimpton en ajoutant des coussinets en caoutchouc pour rétablir la position d'équilibre des essieux. Ainsi, les patins traditionnels atteignent quasiment leur « design dominant », proche de la conception actuelle.

En 1900, L'entreprise Peck & Snyder dépose un brevet pour une paire de rollers en ligne à deux roues (selon le Musée du Roller de Lincoln, Nebraska).

 

Patins Peck & Snyder à deux roues en ligne de 1900

 

En 1907, le Chicago Coliseum ouvre une patinoire public qui a accueilli 7000 personnes le jour de son ouverture.

Egalement en 1907, Sven Wingqvist, un brillant ingénieur suédois, montre au monde les premiers roulements à bille s'alignant par eux-mêmes. Ils deviennent une réalité commerciale la même année.

La fin du XIXème et le début du XXème siècle sont marqués par l'apparition de cycles-patins qui ont des structures proches des patins à essieux ou des patins en ligne. Leur invention répond à un besoin de patiner sur tous les types de surfaces et laissait déjà préfigurer les patins tout terrain contemporains avec, en particulier, l'emploi de roues en caoutchouc ou équipées de pneumatiques.

Une révolution récente : les roues en polyuréthane

La période qui suit est relativement calme. Les producteurs proposent à bas prix des modèles fabriqués en série équipés de roues métalliques, de roulements de qualité médiocre.

Seuls les compétiteurs disposent de modèles performants équipés de roues en bois (buis) plus roulantes mais aussi plus fragiles. Une roue en buis s'use tellement vite que les coureurs les changent pendant les courses d'endurance!

Le caoutchouc est parfois utilisé (notamment en France en 1912). Des modèles équipés de pneus et de chambres à air apparaissent en 1987.

Il y aurait eu utilisation de roues en « plastique » en 1980 en URSS. C'est en 1979 que naissent les roues en polyuréthane. Les roues en polyuréthane présentent de nombreux avantages pour les pratiquants et les fabricants. On peut considérer que cette innovation a réellement relancé la pratique du roller en ligne; tout d'abord aux Etats Unis dans les années 80, puis vers l'Europe à partir du début des années 90.

C'est également à partir de 1979 que des distinctions lexicales vont s'opérer :

  • "roller" désigne les patins en ligne
  • "patin à roulettes" fait référence aux rollers basiques à courroies dans lequel on vient glisser sa propre chaussure
  • "roller skate" fait référence aux "quads", les plus évolués avec la chaussure intégrée. Bref, une belle confusion des termes !

Nous pouvons constater que la ligne de ce modèle (photo ci-dessous) est très proche des patins de vitesse actuels (chaussure basse, dure ,à composante cuir posée sur un long châssis métallique équipé de roues en polyuréthane). Depuis, le nombre de roues a varié, entre 2 et 6 voire 8 roues (non alignées). Le patin à roues alignées le plus long possédait 7 roulettes.

Les fabricants se mirent alors à fabriquer des patins en ligne également appelés Rollerblade, du nom de leur principal fabricant (qui d'ailleurs regrette amèrement cette vulgarisation dangereuse pour la marque). Plus rapides, ils séduisirent la jeunesse des années 1980-1990.

Le roller a été proposé pour la première fois en démonstration aux Jeux Olympiques de Barcelone en 1992. Le patin traditionnel y a été mis à l'honneur par l'intermédiaire du Rink-Hockey. Juan Antonio Samaranch, alors président du Comité International Olympique était également dirigeant du rink hockey en Espagne.

La naissance de Rollerblade et l'envol du roller en ligne

La première marque à avoir déposé un brevet de roller en ligne en 1960 serait "Chicago", originaire des Etats-Unis. Ce modèle aurait d'ailleurs inspiré les deux créateurs de la marque Rollerblade, Scott et Brenan Olson. Les deux hockeyeurs américains ont vite compris l'intérêt du roller en ligne pour pratiquer le patin hors saison.

Ils auraient redessiné et monté leur première paire dans le garage de leurs parents après avoir découvert ce vieux roller en ligne dans une boutique en 1979, en utilisant des matériaux plus modernes et une chaussure de hockey sur glace.

Quelques années plus tard, après une campagne promotionnelle, le produit a envahi les rues du Minnesota. Les skieurs ont rejoint le mouvement pour s'entraîner l'été. Rollerblade Inc. voit le jour officiellement en 1983.

Les frères Olson ont été repérés lors d'un show à Las Vegas par le propriétaire italien de Roces qui a alors racheté la marque Rollerblade. Il s'en séparera plus tard pour lancer ses propres gammes de rollers en ligne sous la marque Roces.

Rollerblade a réellement pris son envol en 1985 lorsque Robert Naegele a racheté l'entreprise. Rollerblade a été successivement une filiale du groupe Benetton Sports System et de Tecnica depuis 2003.

La marque s'est tellement développée qu'elle en est devenue un terme générique. On parle maintenant d'acheter des « Rollerblade » comme si l'on parlait d'un «Frigidaire » au lieu de réfrigérateur. Cette situation inquiète le fabricant qui craint une perte de reconnaissance et d'identité au profit des concurrents.

Durant les années 80 et 90, la plupart des modèles vendus possèdent une coque en plastique dur, comme les chaussures de ski. Il faut attendre 1995 pour voir K2 lancer sa première softboot, un modèle avec une structure qui combine plastique et textile. Les autres marques vont rapidement suivre le mouvement. Au fil des années, les coques rigides vont être uniquement utilisées pour les patins de roller street/agressif.

Le groupe Benetton Sport System, propriétaire de Rollerblade, a estimé sa part du marché mondial à près de 50% en 1998. Cette part aurait décru les années suivantes dans la mesure où de nombreuses marques et de grands fabricants d'articles de sports s'intéressent au roller en ligne (5) a augmenté. Quelques marques montantes comme Salomon ont réussi sur le marché européen mais ont disparu par la suite. Au niveau mondial, Rollerblade semble encore être leader à l'heure actuelle.

Un pionnier dans l'industrie du roller en ligne

 Un patin du milieu du XXème siècleRollerblade a d'abord été basé à Minneapolis. On attribue à la marque la création d'un sport dont la croissance a été une des plus rapide du monde : le roller en ligne.
La marque, leader du marché mondial dit avoir contribué à changer la vision de ce sport. Il semblait autrefois être un moyen d'entraînement pour les athlètes hommes.

"Les patins, Rollerblade sont maintenant largement reconnus comme des produits synonymes de style de vie et qui peuvent être utilisés par tout un chacun" (6).

Aujourd'hui ce sport est pratiqué par une grande diversité de personnes, allant des athlètes professionnels aux enfants.

Le marché a grandi au début des années 80, mais il n'était pas assez développé et encore limité géographiquement. Ce n'est qu'après la vente de l'entreprise Rollerblade en 1984 que des efforts marketing stratégiques ont placé le roller en ligne comme un nouveau sport. Un magasin a par exemple ouvert à Venice Beach en Californie, la "Mecque" du roller.

Dans les années 90 et début 2000, près des trois quarts des patins Rollerblade ont été produits dans l'usine Nordica de Trevigano en Italie. Cette région a d'ailleurs été un des lieux de production majeur du roller en ligne puisque la plupart des grandes marques y ont implanté une usine. Au début des années 2000, les marques de roller ont délocalisé leur production en Asie et particulièrement en Chine.

En 1994, Rollerblade est en tête du marché français avec 60.000 paires vendues. La marque représente une part de 36% du chiffre d'affaire du groupe B.S.S en 1995. En 1998, la marque aurait fermé quelques unes de ses filiales (dont l'Allemagne) afin de concentrer son activité sur l'Italie et revoir ses stratégies (7). A l'heure actuelle, Rollerblade appartient au groupe Nordica et représente environ 3 % du chiffre d'affaire du groupe.

Evolution des ventes de roller en ligne de Rollerblade entre 1993 et 1997

ANNEE

VENTES EN UNITES

EVOLUTION EN UNITES

EVOLUTION EN %

1993

11 000

0

0

1994

54 000

43 000

490%

1995

87 000

33 000

161%

1996

235 000

148 000

270%

1997

402 000

167 000

171%

Sources des données : Roller Saga n°10 page 10 - mai 1998

Rollerblade a ouvert la voie grâce à ses innovations

Au fil des années, Rollerblade a utilisé les ressources de diverses industries pour améliorer ses produits. On note, par exemple, l'utilisation du polyuréthane pour les coques et les roues, les platines ou châssis en métal, les roulements à billes doublés et les freins au talon. Plus tard, l'entreprise a conçu les premières roues avec un noyau qui permettent une vitesse accrue. Une autre innovation majeure a été l'introduction de châssis composites qui rendirent les patins plus légers et plus confortables.
La marque a lancé sur le marché des concepts tels que la fermeture par boucle, les chaussons amovibles. La collaboration avec Kryptonics a apporté les roues en Uréthane.

En 1994, Rollerblade a introduit sur ses produits un nouveau système de freinage : le système « Active Brake Technology® » (ABT®), un frein activé au talon par le redressement instinctif de la personne. Il est particulièrement adapté aux débutants et permet un bon contrôle de la vitesse.

La marque a déposé plus de 200 brevets relatifs au roller en ligne.
La gamme Rollerblade a offert en 1999, une variété de plus de 30 modèles pour hommes, femmes, enfants destinés à pratiquer le fitness, s'amuser, faire des compétitions.

Un modèle avec cheville rigide a été spécialement conçu pour les 6-12 ans. Rollerblade affirme avoir pour soucis de tester les produits existants afin d'offrir ensuite de nouvelles gammes répondant aux exigences des débutants comme à celles des patineurs confirmés.

En 2015, ce ne sont pas moins de 49 modèles de roller différents qui composent le catalogue Rollerblade !

Les différentes marques qui sont entrées en concurrence avec Rollerblade ont apporté une multitude d'innovations qui ont permis une segmentation forte du marché. Le roller se décline maintenant en une pluralité de modèles répondant à des pratiques bien spécifiques.
On peut se demander légitimement si l'ensemble des produits existants sont issus d'un modèle répondant à un usage ou bien si le marché a été segmenté dès le début de la production en série.

Notes de bas de page

[1] Sources : Encyclopédie Universalis multimédia 1997
[2] Sources : Supplément de « l'Express » n°2438, avril 1998
[3] « rockering » : Positionnement particulier des roues sur un châssis
[4] Site Internet : www.skf.com ; SKF est une entreprise fabriquant des roulements pour différents secteurs de l'industrie et notamment pour le roller en ligne
[5] Nous avons débuté une étude de l'évolution du marché mondial depuis le début des années 90 lors d'un précédent devoir de marketing
[6] Traduit de l'anglais. Cf. Site Internet « Rollerblade : Our story »
[7] sources : Roller Saga n°10 mai 1998

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Quelques images du début du siècle sur le site de la BNF

Texte : Alfathor
Relecture : Iggnorance
Photos : Alfathor et droits réservés
Mis en ligne  le 25 août 2015 - Lu 277737 fois

Mis en ligne par :
Fondateur et webmaster de rollerenligne.com. Alexandre est un passionné de roller en général et sous tous ses aspects : histoire, économie, sociologie, évolution technologique... Ne le branchez pas sur ces sujets sans avoir une aspirine à portée de main !

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