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Le 03 novembre 2017 à 22:11 | mise à jour le 27 juillet 2020 à 19:43

Ces marques qui ont fait le roller : Rollerblade

Ces marques qui ont fait le roller : Rollerblade

Rollerblade : le nom de cette marque est devenu tellement générique qu'on en aurait presque oublié qu'il s'agit d'une des plus anciennes du marché du roller. REL vous propose une plongée extraordinaire dans l'histoire de cette firme qui a marqué durablement l'histoire de notre sport.

Mis en ligne par  Vernon SULLIVAN

Histoire

1980 : le flair des frères Olson

La légende raconte qu'en 1980, les frères Olson (Scott Brennan et Jim), des joueurs de hockey sur glace du Minnesota, ont découvert une vieille paire de roller en ligne dans un magasin de sport et qu'ils décidèrent d'en faire un moyen d'entraînement estival.

En réalité, Scott Olson avait déjà trouvé une paire de patins à glace équipée de roues en 1978. Il a vite compris l'intérêt de ces patins pour les joueurs de hockey sur glace. Il a donc obtenu les droits de distribution de cette marque originaire de Los Angeles pour le Canada et le haut du Midwest. 1980 marque le moment où les frères Olson ont arrêté leurs carrières de hockeyeurs pour se lancer dans la vente de patins à plein temps. Afin d'assurer la promotion, Scott portait ses rollers en permanence. Il a même patiné sur 200 miles entre Minneapolis et Grand Rapids.

1981 : les premières améliorations et innovations

A force de patiner, les frèes Olson se rendent bien compte des améliorations qu'ils peuvent apporter. Ils conçoivent par exemple une platine réglable en longueur, ainsi qu'une roue pouvant accueillir 2 roulements, pour un meilleur roulage. Malheureusement, le fabricant distribué par les frères Olson n'est pas intéressé par ces innovations.

Grâce à une recherche de brevets, les Olson constatent que Chicago Rollerskate, le plus grand fabricant américain de patins à roulettes, a déposé un brevet pour un patin en ligne, mais ce dernier est inactif. Il possède une assez similaire à celle envisagée par les Olson. Scott Olson, alors âge de 20 ans, se rend à Chicago pour négocier l'achat du brevet, qu'il obtient finalement en 1981.

1982 : Des très hauts et des très bas

Anciens patins Rollerblade

En 1982, les rères Olson rejoignent Ole's Innovative Sports. La compagnie démarre modestement avec les trois frères et quelques autres personnes qui assemblent les premiers patins Rollerblade® dans le sous-sols des parents Olson. La compagnie Rollerblade® a vu le jour.

Jusqu'en 1989, les patins "Rollerblade" sont équipés de coques en polyuréthane moulées qui seraient fabriquées dans les usines de Roces, à Montebelluna (Italie). Elles procurent plus de maintien de la cheville. Un tampon de frein a été ajouté au talon pour faciliter l'arrêt. Les ventes de la première année excèdent les 300.000 $.

En 1983, la société déménage à Eden Prairie, Minnesota, près du centre d'entraînement des Minnesota Vikings. Alors que la compagne est en pleine croissance, les Olson cherchent le soutien des joueurs de NHL pour faire la promotion de leur matériel auprès des médias, pour convaincre les marchands d'article de sport de les distribuer. Scott Olson recrute un de ses amis pour l'aider dans toutes ses tâches et lui confie les finances de la société. Mais l'année suivante, la firme connaît des difficultés financière qu'Olson attribue à son ami.

1985 : Rollerblade échappe aux frères Olson

Une aide substantielle de 75.000 $ est alors apportée par un revendeur automobile de Twin Cities, Jack Walser, qui remet Rollerblade à flot. Robert L. Sturgis, un entrepreneur de Minneapolis, est également intéressé par l'entreprise. Il offre 300.000 $ pour racheter 50% des parts. Selon Terry Fiedler (dans le Minnesota Corporate Report de septembre 1989), Sturgis a dit à Scott Olson qu'il pourrait lever 1,5 million de dollars dans un partenariat limité pour cette même moitié des actions de la société. Olson accepte l'accord.
C'est ainsi que Sturgis est nommé PDG d'Innovative Sports Ole en 1984. Scott Olson continue de se charger des ventes et la promotion des patins. Quelques mois plus tard, Sturgis dit à Olson qu'il a des difficultés à réunir les 1,5 million de dollars et réduit l'offre de moitié.

Fin 1985, l'argent n'avait toujours pas été versé. Sturgis et Naegele proposent finalement de racheter l'entreprise à Olson. Incapable de rembourser l'argent que les investisseurs avaient versé à la compagnie, Olson doit régler 96.000 $ sur deux ans et verser des indemnités. Les autres frères Olson restent toutefois avec la compagnie.

Alors qu'il n'est plus dans la compagnie, Scott Olson se bat pour garder les droits sur les produits qu'il a dessiné et pour toucher des droits. Ses royalties sont réduites de 2 à 1% alors qu'il entame une bataille juridique de 6 ans contre Naegele. Deux images d'Olson s'affrontent alors dans la presse. La première est celle d'un businessman gestionnaire incompétent et sans le sous, chanceux d'avoir pu gagner autant d'argent en vendant sa société. La seconde est celle d'un homme trop droit, trop naïf et trop confiant qui a été viré de l'entreprise qu'il a fondée.

Démo Rollerblade avec David Lenoir en 1993

En avril 1993, Dick Youngblood écrivait :

" Il n'y a aucun besoin de pleurer Scott Olson, dont le génie créateur a produit une mine d'or appelée Rollerblade Inc. en 1979, mais dont le manque de capitaux et d'expertise en gestion lui a coûté le contrôle de l'entreprise six ans plus tard."

Alors qu'il continue des toucher des royalties estimées à 10 millions de dollars sur 10 ans, Scott Olson lance une société concurrente à celle qu'il a fondé. Il créé Innovative Sports Systems Inc. (ISS) et lance la marque "Switch-it". Et à travers O.S. Designs Inc., il développe le Nuskate, qu'il a vend en 1993 à CCM Sport Maska, Inc. (Canada). La société fondée par Olson continue sans lui sous un nouveau nom et North American Training Corporation avant de devenir Rollerblade, Inc. - et sous une nouvelle direction.

1986 : une nouvelle ère

Alors que Rollerblade continue de perdre de l'argent, l'expert financier John Sundet et la spécialiste du marketing du sport Mary Horwath rejoignent la firme. L'année suivante, en 1987, Sturgis vend lui-même ses parts à Naegele et Sundet lui succède en tant que président.

Sundet et Horwath, repositionnent l'entreprise sur le marché. Les rollers sont redessinés et repensés avec des couleurs fluos, et fournis aux magasins de location sur les plages californiennes les plus populaires. Ils décollent.

"Au lieu d'essayer de commercialiser des patins à roues alignées en complément du hockey sur glace, nous nous sommes concentrés sur la vente du produit comme sport de loisir."

a déclaré Sundet dans un article du Minneapolis Star Tribune de février 1995.

Les ventes de Rollerblade ont doublé en 1988, et la compagnie a prétendu détenir entre 70 et 75% d'un marché estimé entre 10 et 12 millions de dollars. First Team Sports, Inc., une autre société du Minnesota, est loin derrière en seconde position.

Un marché en pleine croissance avec un public élargi

Rollerblade street aux couleurs flashy !Les meilleures ventes de Rollerblade se font dans les bastions de patinage sur glace de Minneapolis / Saint-Paul et Boston, mais les ventes dans le sud de la Californie augmentent rapidement. En 1990, près du quart des activités de Rollerblade se situent en Californie et le marché total du roller en ligne total atteint les 60 millions de dollars.

Le dynamisme des ventes de patins en ligne redonne un coup de fouet à l'industrie des articles de sport qui connaît alors un fléchisssement. Les tarifs des modèles varient de 100 $ pour les patins de base jusqu'à 330 $ pour les modèles à cinq roues. Le roller ne se limite plus à une alternative pour l'entraînement des hockeyeurs et des skieurs : désormais, un tiers de la nouvelle clientèle est représenté par les femmes. La demande pour les patins Rollerblade dépasse le volume production.

En 1989, Rollerblade détenait 75% du marché du roller américain. Mary Horwath, directrice des relations publiques pour Rollerblade Inc., indique que les ventes ont bondi de 300% par rapport à l'année précédente (article du Washington Post du 5 mai 1989).

Le nombre de détaillants qui vendent les patins passe passé de 31 en 1984 à 3.000 en 1990. Les patins sont vendus au Canada, en Europe, en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Corée, ainsi qu'aux États-Unis.

1991 : Nordica acquiert Rollerblade

En Janvier 1991, Rollerblade doublé sa surface en déménageant vers de nouveaux quartiers généraux à Minnetonka. Trois mois plus tard, Nordica, premier fabricant mondial de chaussures de ski, achète 50% de Rollerblade, Inc. à Naegele pour un montant non communiqué. Naegele continue d'exercer ses fonctions de président du conseil d'administration nouvellement formé. Les concurrents, Scott Olson (alors président de l'ISS) et David G. Soderquist (président de First Team Sports, Inc.), voient cet achat comme un développement positif pour l'industrie du roller. Nordica, avec des revenus consolidés de 450 millions de dollars, dispose des fonds nécessaire pour promouvoir le sport et l'établir comme un véritable phénomène de société, plus qu'une simple mode.

Après quelques mois, la firme Roces, qui produisait les coques des rollers depuis 1981, est remerciée. Nordica reprend la production qu'elle délocalise à Taïwan. Elle réduit ainsi les coûts de production et dispose d'un avantage concurrentiel non négligeable. Les modèles hauts de gamme restent toutefois produits à Montebelluna, chez Nordica.

La concurrence se fait rude

Aussi impressionnant que cela puisse paraître, les ventes de Rollerblade ont au moins doublé chaque année de 1987 à 1991, et la concurrence se fait pressante. Le constructeur numéro deux First Team Sports fait venir à son bord la superstar du hockey sur glace de la NHL, Wayne Gretzky, pour promouvoir sa gamme Ultra-Wheels. Canstar Sports, Inc. gagne des parts de marché avec ses rollers Bauer Precision. Le marché des entrées de gamme est grignoté par des patins Taïwanais vendus à moins de 50 $.

Rollerblade : un marketing agressif et dynamique

Patin Rollerblade suspenduLa concurrence n'est pas la seule menace qui pèse sur la domination de Rollerblade. La firme du Minnesota s'est tellement établie dans le roller que sa marque est en danger. Son nom devient aussi générique que frigidaire, linoléum ou cellophane. On parle de "Rollerblade" pour désigner tous les patins à roues alignes ou même comme verbe (roller ou blading).

En 1990, l'entreprise avait lancé une campagne pour protéger son identité. Sa stratégie de marché est passée de la promotion du patinage en ligne au développement de l'identification de la marque. La publicité papier et les publicités télévisées nationales ont été ajoutées à la boîte à outils promotionnelle moins traditionnelle de l'entreprise.

Lorsque Mary Horwath a rejointe à Rollerblade, elle s'est appuyée sur des tactiques de « guérilla marketing » qui assimilaient le patin à roues alignées à un style de vie amusant, actif et sexy. Avec un budget de seulement 200.000 $, elle utilisait des méthodes agressives et peu orthodoxes mais peu coûteuses pour faire connaître les patins au grand public. Des patins en ligne ont par exemple été donnés à des célébrités et des athlètes de haut niveau qui ont été vus et souvent photographiés avec ces rollers. La promotion croisée entre Rollerblade et d'autres grandes entreprises bien connues a permis d'identifer le roller comme une activité sportive jeune.

L'équipe Rollerblade, un groupe de patineurs d'élite, a parcouru les Etats-Unis avec le "Rock'N'Rollerblade Tours". Le roller est apparue dans des publicités et même pendant le Super Bowl ou les Jeux Olympiques.
Peut-être plus important encore : l'entreprise a sorti le roller des rues pour donner au public l'occasion de l'essayer. Partout où les gens se rassemblaient - foires, festivals, parcs à thème et campus universitaires - les fourgons de démonstration Rollerblade étaient présents. 

1992-1995 : les concurrents de Rollerblade gagnent du terrain mais la marque contre-attaque

L'année 1992 a été une période de transition pour Rollerblade qui s'est éloigné de ses racines entrepreneuriales. Le marché du roller et la marque arrivent à maturité. Suite à une refonte de l'exécutif de la société, l'ancien dirigeant de Tonka, John F. Hetterick, prend les rôles de président et directeur exécutif. Les autres postes de haut niveau sont occupés par des personnes expérimentées issues de grandes entreprises. John Sundet a démissionné de son poste de PDG en mai 1992 et a été remplacé par Hetterick. Mary Horwath, qui a été classée en 1992 parmi les 100 meilleurs cadres marketing du pays par la revue professionnelle Advertising Age, a quitté Rollerblade l'année suivante.

Barbie Ken RollerbladeRollerblade commence à mettre davantage l'accent sur l'efficacité opérationnelle, notamment en s'efforçant de respecter ses dates d'expédition : les commandes en retard ont été un casse-tête permanent pour les distributeurs. Vingt-quatre emplois sont supprimés, principalement dans le marketing, les ventes et la finance. L'accent est mis sur le service à la clientèle.

Fin 1992, l'entreprise cherche de nouveau marchés pour s'adapter à sa croissance rapide. Selon Corporate Report Minnesota, le taux de croissance annuel moyen de Rollerblade a été de 115,5% entre les années 1987 et 1992 !

La croissance de Rollerblade est dynamisée par un triplement du nombre de patineurs en ligne aux États-Unis. Cependant, le Wall Street Journal avait prédit en novembre 1993 que l'industrie se dirigeait vers une baisse. Et c'est ce qui arriva. La croissance des ventes a ralenti. De grandes entreprises de ski sont entrées sur le marché haut de gamme (150$ à 300$ la paire) et les produits bas de gamme prennent désormais une part équivalente à 44% du marché.

Michael Selz du Wall Street Journal a écrit :

"Pour faire face à la concurrence, les fabricants de roller se battent de plus en plus fort. Rollerblade est la marque qui a le répondant le plus agressif, parce que c'est celle qui a le plus à perdre".

En février 1993, Rollerblade intente une action en justice contre 33 de ses concurrents pour protéger ses brevets. Quelques mois plus tard, Rollerblade règle ses affaires à à l'amiable avec sept des fabricants incriminés, y compris avec son concurrent direct en seconde position. First Sports Sports, qui se classait au en 15ème position sur la liste des entreprises à la croissance la plus rapide de BusinessWeek en 1993, avait enregistré des résultats décevants en raison des poursuites.

Dans les années 90, notamment en 1993, Rollerblade s'affiche sur les formules 1 l'écurie Benetton Ford (Benetton étant la maison mère de Rollerblade). Les marques accompagnent les succès de Schumacher. Roces utilisera également la formule 1 pour sa promotion.

Formule 1 Benetton Ford avec Rollerblade comme sponsor

Rollerblade reste le grand nom de référence du roller loisir mais les marques Bauer et Cooper, détenues par le plus grand fabricant d'équipement de hockey au monde, Canstar Sports, Inc., proposent des patins de choix pour le roller hockey. Les équipes de roller hockey Sunbelt deviennent aussi populaires que la Little League, et Canstar mise sur la reconnaissance de sa marque, inais que sur son statut de sponsor officiel d'une ligue professionnelle pour tenter de dépasser Rollerblade et First Team. En 1993, les ventes en ligne de Canstar atteignent les 26 millions de dollars. En seconde place du classement des ventes, on retrouve First Team avec un chiffre d'affaire de 38,2 millions de dollars et Rollerblade a pour ambition de défier Canstar sur le terrain des patins de roller hockey.

1994 : La prévention comme outil marketing

Alors que le nombre de blessures liées à la pratique du roller augmente, la sécurité devient une préoccupation constante pour tous les fabricants. La Consumer Product Safety Commission a émis des avertissements sur les dangers de ce sport. Le numéro de juin 1994 du Journal de l'American Medical Association (JAMA) cite les principaux facteurs qui contribuent à l'accidentologie du roller : des vitesses de croisière à plus de 20 km/h, le partage de la chaussée avec les véhicules automobiles, les cyclistes, les piétons et les animaux domestiques, ainsi que les chutes sur des surfaces dures. Rollerblade a encourage l'utilisation d'équipements de sécurité et propose des leçons pour les débutants à travers son programme d'éducation à la sécurité " Skate Smart " et sa campagne " Asphalt Bites ".

En 1994, Rollerblade innove en matière de système de freinage et lance l'Active Brake Technology (ABT), une innovation primée qui facilite l'arrêt pour les débutants et améliore le contrôle de la vitesse.

Rollerblade Kenworth Conventional Truck - Inline Street Tour

1994 : Rollerblade reste leader du marché

Les ventes de Rollerblade pour l'année 1994 sont estimées par Newsweek à environ 260 millions de dollars, soit environ 40% du marché en ligne de 650 millions de dollars. Ses concurrents semblent bien déterminés à prendre plus de parts de marché.
Fin 1994, Canstar est racheté par Nike Inc., le géant des chaussures et des vêtements de sport. Bénéficiant du retour du roller hockey, Canstar reçoit un coup de pouce supplémentaire de la part du service marketing de Nike. First Sports Sports tire également parti du boom du hockey et a déclare des un chiffre d'affaire de 86 millions de dollars pour l'exercice 1995. Rollerblade compte toujours sur ses activités de base et ses liens promotionnels pour vendre ses patins. Le budget publicitaire de la compagnie est resté "modeste" avec 4 millions de dollars en 1995.

1995 : Rollerblade passe de main en main

En novembre 1995, après des mois de spéculation sur l'avenir de l'entreprise, Naegele vend ses parts à Nordica, filiae du groupe Benetton Sport System également propriétaire de Killer Loop, Kästle, Marker.

Le New York Times déclare que Naegele a reçu au moins 150 millions de dollars pour les 50% de la société, bien que des rapports ultérieurs aient estimé le chiffre à 200 millions de dollars. Nordica, à son tour, vend une participation minoritaire de Rollerblade à une filiale de Goldman, Sachs & Company. Rollerblade ne semble plus en mesure de tirer profit de la solidité financière, du soutien à la recherche et au développement, de la capacité de fabrication et des capacités de distribution à l'échelle internationale offertes par Nordica.

Rollerblade et le roller sont emportés par le flot des sports de loisir, mais la marge de croissance est encore satisfaisante puisque seulement 14% des ménages américains possèdent une paire de roller en 1995, comparativement aux 51% de bicyclettes. Les fabricants de roller sont donc optimistes quant à la croissance sur le marché international, où Rollerblade a pris pied grâce à Nordica. Selon les estimations de l'industrie et de l'entreprise, Rollerblade détient encore près de la moitié du marché en 1995, mais il restait à voir si le roller va continuer de croître ou s'effrondrer. 

Le bus londonien de Rollerblade en setpembre 1998

1996-1997 : Le roller : plus qu'une mode, mais une croissance qui ralentit

En 1996, roller est bien plus qu'une simple mode. Il génère des revenus substantiels au marché du sport loisir. Rollerblade s'affiche même sur les flancs des Formules 1 championnes du Monde 196 !
Les statistiques de l'International Inline Skating Association mettent en évidence son ascension fulgurante et le cite comme le sport qui a connu la croissance la plus rapide aux Etats-Unis. Il touche toutes le générations.

Rollerblade a caracolé en tête mais, inévitablement, le marché a vacillé en 1997. les trois mastodontes ont perdu pied. Dans Roller Saga n°6, Pierre Thomas souligne le peu de changements intervenus dans les nouvelles collection de la marque emblématique du roller, contrairement à ses concurrents en pleine effervescence.

Toutefois Rollerblade domine encore le marché américain avec 40% des parts et 355 millions de dollars de chiffre d'affaires. First Team Sports et K2 Inc., deuxièmes et troisièmes, sont moins bien lotis. Selon un article paru en octobre 1997 dans Forbes, First Team a connu une baisse des ventes estimée à 36% tandis que K2 a chuté d'environ 15%. Tout cela malgré les chiffres d'une étude qui estiment à plus de 30 millions le nombre de personnes possédant une paire de roller aux États-Unis. Selon le site Web de Rollerblade, près des deux tiers des jeunes de 11 ans possédaient une paire de patins à roues alignées en 1997.

Benetton se recentre sur le marché des pratiquants "purs et durs"

Alors que le marché semble s'essouffler et que les magasins de sport baissent les prix, la société mère de Rollerblade, Benetton Sportsystem (qui détenait aussi Nordica), augmente les prix et décide de concentrer ses modèles sur les magasins. sur les amateurs purs et durs, plutôt que sur les débutants.
Par la suite, la famille Benetton, actionnaire majoritaire de l'entreprise et de ses filiales, commence à vendre ses parts à la société mère cotée en bourse Benetton Group en 1998. Benetton Sportsystem est rebaptisée "Playlife" en Europe et en Asie après la transition, et plusieurs mégastores Playlife ouvrent en Europe. Plutôt que d'ouvrir de tels magasins aux États-Unis, Benetton conclut une entente surprenante avec Sears pour commercialiser ses vêtements et ses articles de sport dans les magasins des détaillants. Pour beaucoup, l'image de Benetton en a pâti, mais Benetton a rapidement été abandonnée par Sears. Après les débuts d'une autre campagne publicitaire controversée de la société mère (qui suscitait des débats depuis plusieurs années), cette fois avec des détenus du couloir de la mort, Sears a sorti tous les produits Benetton de ses magasins au début de 2000. C'est ainsi que les produits Rollerblade se sont retrouvé perdus au milieu du chaos.

Bien que l'industrie du patin à roues alignées ait brièvement fléchi, Rollerblade et ses rivaux continuent d'attirer les clients avec des versions plus récentes et plus extrêmes de leurs patins, et les ventes progressent à nouveau. Avec la popularité croissante des sports extrêmes, Rollerblade surfe la vague avec de nouveaux modules et des accessoires (casques, coudières, poignets et genouillères, etc.) spécialement conçus pour tous les groupes d'âge. Le patin à roues alignées s'est réinventé et de nouvelle modalités de pratiques apparaissent, du hockey, à la course, on passe au roller basket au roller street. Des variantes encore plus inhabituelles voient le jour comme la danse en ligne et même le roller soccer.

Le team Rollerblade street en décembre 1997

Les riders roulent alors avec le Rollerblade C.I.5. et le Daytona. On trouve :

  • Chris Edwards (USA)
  • Chris Garret (USA)
  • Matt Salerno (USA)
  • Taïg Khris (France)
  • Klaus Dieter Waltner (Allemagne)
  • Jerry Bekkers (Pays-Bas)
  • Vins Isaak (France)
  • Javier Bujanda (Espagne)
  • Tinu Kunz (Suisse)
  • Eric Schrijn (USA)
  • Randy Spizer (USA)
  • Fabiola Oliveira (Brésil)
  • Alexis Eijca (Espagne)
  • Dinh Thai (Suisse)
  • Samo Bajec (Slovénie)
  • Thierry Lallemand (France)
  • Jochen Smuda (Allemagne)
  • Sayaka Yabe (Japon)
  • Luc Lenoir (Suisse)
  • David Lenoir (Suisse)

1997-1998 : Le Coyote fait sortir le roller des sentiers battus

Rollerblade WBS

Rollerblade lance même le Coyote en 1997, un modèle de roller tout-terrain avec 3 pneus de 15 cm. Ce modèle inscrit le roller encore davantage dans les sports extrêmes. Il naît sous l'impulsion de Faustino Luchetta et Sami Raimann après 4 années de recherches et de développement. Le concept du Coyote est soutenu par la tournée Européenne et le sport dit "Blade Cross" avec deux spécialités : la descente et le freeride. En 1998, Rollerblade arpente les villes de Cortina d'Ampezzo (Italie les 4 et 5 juillet), Aroza (Suisse, les 11 et 12 juillet), Garmisch-Partenkirchen (Allemagne, les 18 et 19 juillet) et Tignes (France, du 24 au 26 juillet).

Un modèle à suspension voit le jour en 1998, avec des roues en caoutchouc rainurées à la façon des pneus de voitures (Roller Saga n°12, p.11).

1998 : un step-in par Rollerblade

En août 1998, dans son numéro 12 (p.10), Roller Saga nous dévoile les lignes du patin à platine amovible de Rollerblade ; WBS pour Walking Blade System.

La marque historique vient sur les terres de Hypno et Rossignol avec un modèle à l'esthétique réussie mais un concept moins abouti techniquement.

Le roller course : un axe de communication privilégié avec le Rollerblade World Team

En parallèle, la marque assure la promotion de ses produits au travers de ses équipes professionnelles en roller course (1998-2010) et en roller street. C'est notamment le cas en 2001 avec la présentation de la nouvelle combinaison de roller course de l'équipe professionnelle de la marque.

 

Elle organise même des tournées dans les grandes villes, notamment en France. En 1998, la tournée se déroulait du 4 avril au 31 mai dans les villes de Marseille, Lyon, Annecy, Montpellier, Strasbourg, Lille, Rouen, Tour et Rennes (source : Roller Saga n°9 - avril 1998). La marque aménageait un espace avec une rampe pour essayer le street.

2008, une publicité avec Renault

En 2008, elle s'associe à Renault pour un concept car Kangoo livré avec une paire de Twister !

Concept Car Renault Rollerblade Twister

Ne nous y trompons pas. Contrairement à la décennie passée, la croissance de l'industrie est plus faible. Les ventes ont souffert de conditions météorologiques difficiles, hormis dans des États tels que la Californie et le Texas (qui dominent le marché des ventes). Le marché reste plus dynamique au printemps et en été. 

A la fin des années 90, après la croissance phénoménale des années 80 jusqu'au milieu des années 90, Rollerblade doit diversifier leurs gammes pour conserver des parts de marché. Les patins RB sont vendus dans des dizaines de pays, des États-Unis et du Canada à la Colombie, à Hong Kong, en Inde, en Norvège, en Suisse, en Arabie Saoudite, au Royaume-Uni, en Uruguay et autres.

Yann Guyader

Nordica a pris en charge la production des patins Rollerblade dans ses usines de Montebelluna, hormis pour quelques modèles de roller street qui ont été fabriqués aux Etats-Unis. Dans les années 90 et début 2000, près des trois quarts des patins Rollerblade ont été produits dans l'usine Nordica de Trevigano en Italie. Cette région a d'ailleurs été un des lieux de production majeur du roller en ligne puisque la plupart des grandes marques y ont implanté une usine. Au début des années 2000, les marques de roller ont délocalisé leur production en Asie et particulièrement en Chine.

Depuis sa création, la marque aurait déposé plus de 200 brevets relatifs au roller en ligne.

Et aujourd'hui ?

La part de Rollerblade dans le monde reste la plus importante même si la marque a dû faire faire à la concurrence et à la perte de marchés importants, notamment aux Etats-Unis. La part du roller dans le groupe Nordica serait 3,5 fois moindre qu'à la grande époque (estimation à 10% du C.A.).

Toutefois, avec l'arrivée de Yann Guyader en tant que chef de produit, l'équipe roller course a revu le jour, après 7 ans d'interruption depuis 2010. De nouveaux modèles prometteurs voient le jour en 2018 comme le nouveau Twister Edge ou l'Endurace. En 2018-2019, Yann a démissionné pour rejoindre le société Fantic, spécialisée dans le cyclisme.

Les dates clés de Rollerblade

1981 : Scott Olson rachète un brevet de patin à une ligne et commence à fabriquer des patins Rollerblade.
1982 : Olson intègre Ole's Innovative Sports
1984 : Des problèmes d'argent forcent Olson à faire équipe avec Robert Sturgis, qui devient PDG.
1985 : Olson est forcé de vendre à Sturgis et Robert Naegele
1987 : Sturgis vend ses parts de Rollerblade à Naegele.
1988 : Rollerblade domine le marché avec des ventes de près de 10 millions de dollars de chiffre d'affaire.
1991 : Naegele vend 50% de sa participation à Nordica (filiale de Benetton).
1993 : Rollerblade lance des poursuites en contrefaçon de brevet contre ses concurrents.
1994 : Rollerblade lance la technologie primée Active Brake Technology (ABT).
1995 : Naegele vend le reste des parts de Rollerblade à Nordica.
1997 : sortie du Coyote, le roller tout-terrain
1998 : Débuts de l'équipe professionnelle de roller course
1999 : un chiffre d'affaire estimé de 150 millions de dollars pour 200 salariés
2001 : présentation de la combinaison de roller course Looney Toons
2008 : Partenariat de Rollerblade avec Luigino pour fabriquer les modèles de vitesse Rollerblade
2009 : Arrêt de l'équipe féminine Rollerblade en roller de vitesse
2010 : Fin de l'équipe professionnelle de roller course
2015 : Arrivée de Yann Guyader chez Rollerblade
2017 : Retour de Rollerblade sur le marché de la vitesse

 

Vidéo "about the Company"

Liens utiles

Source : L'histoire de rollerblade
sur fundingUniverse (en anglais)

Mis en ligne  le 03 novembre 2017 - Lu 11289 fois

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Passionné de roulettes devant l'éternel, le jour j'écume le bitume. Si je me crashe, si je tombe, ma peau s'arrache mais pas mon coeur de roller !



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