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Le 05 mai 2014 à 21:05 | mise à jour le 14 avril 2017 à 10:49

Les rollers à moteur traversent l'histoire

Les rollers à moteur traversent l'histoire

Les inventeurs ne manquent jamais d'imagination et le roller a traversé les époques en s'affublant de motorisations plus ou moins loufoques et efficaces. ReL vous propose un voyage dans le temps à travers cet article de Sam Nieswizski, notre historien du roller...

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Patins motorisés

Patin à moteur de BeaufordC’est à la fin du xixe siècle et au début du xxe que grâce à la mise au point du moteur à explosion se généralisa la motorisation des machines. Les automobiles supplantèrent les voitures à chevaux, et les pratiquants du deux roues disposèrent de vélos à moteur et de motocyclettes. Lorsque des inventeurs s’attaquèrent au problème de la motorisation des patins, ils eurent à relever de nouveaux défis: il fallut miniaturiser les moteurs et imaginer des solutions originales et spécifiques.

1905 : les premiers patins à moteur

L’histoire commence en octobre 1905. L’Américain Henry Beauford, de Kansas City, fit breveter l’“Automobile skate”. La platine du patin, allongée à l’arrière, supportait un moteur à essence.

Le patin à moteur de Beauford >>

Le patin à moteur de Constantini

Le patin à moteur de Constantini

Peu après, le Français Constantini exposait au Salon de l’auto de décembre 1905 un “Patin automobile” haut de 24 cm. Le diamètre des roues à pneus pleins atteignait 18 cm. La paire de patins pesait 12 kg. Le moteur à 4 temps consommait 1,5 litre d’essence aux 100 km et permettait de se déplacer à une vitesse pouvant atteindre 55 km/h. Le réservoir d’essence et la batterie étaient accrochés à la ceinture. Pour ralentir ou s’arrêter, on pouvait jouer sur le retard à l’allumage, ou couper le contact, ou encore se dresser sur les roues avant, seules les roues arrière étant motrices. Le prix était de 450 francs (ce qui représente environ 2000 €). Le succès fut tel que le Shah de Perse en commanda trois paires!

1906 : direction les Etats-Unis

Le patin à moteur de MatsonL’année suivante, Charles Matson, de Chicago, réalisa un patin à trois roues en ligne dont le moteur, placé cette fois devant le pied, entraînait la roue arrière au moyen d’une chaîne.

Le patin de Matson >>

1907 : les idées germent aussi en Suisse

Le Suisse Koller, de Winterthur, inventa en 1907 un “patin de route” monoroue très original. Le moteur était placé au-dessus de la roue, le pied reposait assez bas sur une sorte de pédale. La roue, placée sur le côté extérieur du pied, était inclinée afin que son point de contact avec le sol soit à l’aplomb de l’axe du pied.

1912 : Made in France

Le Français Mercier conçut en 1912 un curieux patin. Contrairement à ses prédécesseurs, qui motorisaient les deux patins, il n’en motorisa qu’un. Le moteur à deux cylindres et à 4 temps développait une puissance de 1,25 CV et permettait de se déplacer à 30 km/h.

Le patin à moteur de Mercier

Le patin à moteur de Mercier

1924 : l'Allemagne

L’Allemand Hans Gebhardt, de Munich, eut en 1924 une idée originale: il utilisa comme combustible l’acétylène, habituellement utilisé à l’époque pour l’éclairage ou comme source de chaleur des chalumeaux. Le patineur pouvait atteindre 30 km/h.

Patin à moteur de Gebhardt

Patin à moteur de Gebhardt

Patin à moteur American

Patin à moteur Hammacher Schlemmer

Bien qu’il ne s’agisse pas d’un patin à moteur, je ne résiste pas au plaisir de signaler une autre invention amusante de Gebhardt: il s’agit d’un câble entraînant un volant d’inertie solidaire des roues du patin, et destiné à diminuer l’effort que fait le patineur pour avancer!

Un patin avec volant d’inertie

Il y eut alors un long entracte, et les patins à moteur ne refirent surface que dans les années 1980.

Le patin “American”, fabriqué à Lyon comme son nom ne l’indique pas, équipé d’un moteur à 2 temps de 15 cm3, permettait d’atteindre 30 km/h.

Un patin à moteur électrique

La société Hammacher Schlemmer, de Chicago, fabriqua le premier patin à moteur non polluant: le moteur électrique était alimenté par quatre piles de 6 volts rechargeables attachées à la ceinture du patineur. Le moteur développait une puissance de 1/3 de CV, la vitesse était réglée par un potentiomètre et atteignait 34 km/h. Sept heures étaient nécessaires pour recharger les piles.

Des skis à moteurLe dernier né, le “Motoskate”, conçu par l’Américain Tim Gandle, est un patin in-line. Seul un des deux patins est motorisé, la vitesse atteint 60 km/h.

Des skis à moteur

Patin à moteur PirelloPour terminer ce tour d’horizon, voici l’invention qui me semble la plus farfelue: des “Skis de ville à moteur”

1956 : un moteur sur le dos du patineur

La motorisation des patins demandant une miniaturisation des moteurs peu compatible avec la puissance désirée, des inventeurs eurent l’idée de placer le moteur non plus sur le patin… mais sur le patineur. Cette conception révolutionnaire revient à l’Américain Anthony Pirrello, de Detroit. Mécanicien de la General Motors, il créa vers 1956 un moteur à essence destiné à être porté par le patineur comme un sac à dos. Ce moteur entraînait un des patins au moyen d’un câble souple et permettait de rouler à 65 km/h.

Mais le poids du moteur était un inconvénient. On conçut en 1980 l’idée d’un ensemble destiné à tracter le patineur. Ce système comprenait un moteur entraînant une roue; un organe semblable à un guidon de vélo permettait au patineur de s’accrocher.

Le motormutt américain

On fabriqua aux États-Unis le “Motormutt”. La roue, qui ressemblait à une roue de vélo, était actionnée par un moteur à 2 temps de 49 cm3. La société japonaise Honda préféra un système à deux roues.

Patin à moteur motormutt

Patin à moteur Honda

Années 80 : le Roll'Ex

Patin à moteur Jet RollerPatin à moteur Roll ExEn France, on fabriqua le “Roll’ex”. C’était l’avant d’un Vélosolex (vélomoteur qui eut un grand succès dans les années 1950). Le Roll’ex était constitué d’un guidon supportant un moteur à 2 temps entraînant directement une roue au moyen d’un galet. Un groupe de patineurs projeta en 1989 une randonnée intitulée “Trans Europe en Roll’ex”. Partant de Couëron, près de Nantes, elle prévoyait de passer par la Norvège, la Suède, le Danemark, l’Allemagne, les Pays-Bas, le Luxembourg, la Belgique, l’Angleterre; puis, repassant par la France, elle devait se terminer en Espagne (je ne sais pas si ce projet s’est réalisé).

On a aussi fabriqué dans les années 1980 un moteur dorsal actionnant une hélice qui propulsait l’utilisateur, qu’il soit patineur, planchiste ou cycliste.

Jet Roller

Le dernier né de ces moteurs à patiner est le “Jet-Roller” conçu par Mike, de Wattignies. Le moteur, de 26 à 52 cm3, entraîne une roue reliée par un tube à un guidon. Solution originale: c’est ce tube qui sert de réservoir d’essence. Le patineur peut se faire tirer ou pousser à la vitesse de 40 km/h.

2007 : les Skorpions customisés

Roller électrique SPNKIXLes iShoes sont des patins à essieux Skorpions qui ont été équipés d'un moteur qui les propulse à 30 km/h. Voir l'article et la vidéo ici.

2010 : de la tronçonneuse aux roulettes

En 2010, Un inventeur s'est amusé à faire des patins avec un moteur de tronçonneuse pouvant monter jusqu'à 60 km/h. vous pouvez voir la vidéo ici.
La même année, un autre patineur juché sur des Coyotes a choisi un guidon motorisé pour se propulser à toute allure. Voir la vidéo ici. Le Fly Rad est dans le même esprit.

2011 : SpnKIX - les rollers électriques

Le concept est un peu plus écolo mais reste toutefois assez encombrant. On doit cette invention à l'américain Peter Treadway. Ces patins pourraient atteindre les 10 miles à l'heure (16 km/h) avec une autonomie de (seulement) 4 km. Nous vous les avions présentés ici.

Et après ?

On voit que l’imagination des inventeurs est fertile; elle nous réserve sans doute encore bien des surprises. À quand le patin à moteur à réaction ? Ou à moteur atomique ?

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Texte : Sam Nieswizski
Photos : droits réservés
Mis en ligne  le 05 mai 2014 - Lu 17114 fois


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