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Le 28 janvier 2013 à 12:01 | mise à jour le 19 mai 2017 à 08:04

De Mogema à Cadomotus avec Diederik Hol

De Mogema à Cadomotus avec Diederik Hol

La plupart des patineurs de vitesse et des descendeurs ont déjà entendu parler de Mogema et CadoMotus. Les firmes néerlandaises se sont faites connaître grâce à leurs platines à double vide. Rencontre avec Diederik Hol, designer Mogema et fondateur de CadoMotus...

Mis en ligne par  Alexandre CHARTIER

Des débuts de Mogema au lancement de Cadomotus

Bonjour Diederik, peux-tu nous dire comment Mogema est né ?

CadomotusMogema est un groupement de sociétés fabricant des machines aux Pays-Bas, hautement spécialisées dans l'usinage de précision. Certains travailleurs de ces usines sont également des amateurs de patinage de vitesse. Ils pratiquent sur la glace, mais aussi sur la route depuis l'époque de la transition entre le quad et le roller en ligne.

Au début des années 90. Ils ont eu l'idée de fabriquer leurs propres platines de roller... et ils ont été les premiers à produire de telles platines. Les premières ventes se faisaient en direct de l'usine. Plus tard, la distribution a été confiée à un magasin spécialisé à proximité : StouwdamSport. Stouwdam s'occupait de toutes les ventes et la distribution (dans le monde entier). 

Ils ont eu des difficultés pour faire des affaires en raison d'un problème de brevet avec Raps. A la fin des années 90, ils ont arrêté la fabrication des platines. Après une bataille juridique qui a finalement été remportée en 1999, les propriétaires des usines ont créé une nouvelle société appelée "SportsInline" afin d'obtenir pour faire revenir Mogema sur le marché.

Durant les les années précédentes, beaucoup d'autres marques ont commencé à concevoir et à fabriquer des platines pour le roller. C'est devenu un sport de plus en plus populaire. Cette fois-ci, il fallait le faire de manière professionnelle, et non comme un travail d'appoint de l'usine de machines.

Bart Swings et Diederik Hol

Le but de SportsInline était de monter une marque leader du roller dans son ensemble et pas seulement de platines. Sportinline voulait un catalogue complet avec des chaussures, des roues, des accessoires et différents modèles pour différents types de patineurs. 

Etais-tu le propriétaire de Mogema ?

Non, quand Sportinline a été fondé en 1999, j'ai été engagé en tant que designer pour concevoir une nouvelle ligne de produits.

Au milieu des années 90, j'étais surtout impliqué dans le milieu de la glace avec le développement des fameuses platines à clap. Ils m'ont connu comme ça et grâce au travail que j'ai réalisé en tant que designer freelance pour Raps de 1996 à 1998.

Mogema n'était pas ma compagnie. J'ai d'abord été designer puis directeur général.

Qui étaient les fondateurs de Mogema?

Mogema repose sur 4 piliers : les frères Pinkster à qui appartenaient les fabriques de machines Mogema, Slager Evert qui était actionnaire de Stouwdam et a dirigé sa propre équipe de roller professionnelle et aussi une équipe de patinage de vitesse sur glace et un quatrième homme d'affaire qui a bien réussi dans le milieu du windsurf et des sports nautiques durant les années 80.

Comment as-tu décidé de lancer ta propre marque de roller ?

Cypher II + 4x110

J'ai toujours voulu créer mon propre marque de sport et je me suis impliqué dans le patinage de vitesse. En fait, je suis un cycliste sur route à l'origine, comme beaucoup le savent, cela aurait donc pu être le vélo. Depuis que je suis impliqué dans roller (puis dans la glace), j'ai dédié ma carrière au sport.

Depuis le début, je me suis rendu sur les courses, j'ai parlé avec les athlètes et fait des recherches. C'est ainsi que j'ai eu beaucoup d'idées pour améliorer les produits et essayer de nouvelles choses.

En fait, ça n'a jamais cessé. Tout n'a pas été un succès en termes de performances ou du point de vue commercial, mais au moins j'ai créé quelques modèles qui ont poussé notre sport vers l'avant.

Où et comment as-tu trouvé l'argent pour financer le lancement ?

L'argent provenait d'actionnaires qui ont réussi dans les affaires. Nous n'avons pas manqué de fonds pour investir. La situation est vraiment différente de nos jours...

Tu as débuté par la glace ou le roller ?

Le roller bien évidemment !

Y-a-t-il une relation entre la culture du patinage et des pays-Bas et la compagnie ?

Jorge Botero (Rollerblade International) a remporté la Coupe du Monde à Rome en avril 2000

Oui, totalement, comme je l'ai expliqué auparavant. Mogema a débuté avec un groupe de patineurs enthousiates.

Mogema constituait ton principal travail ?

Oui. Nous n'étions pas si nombreux. Le patinage de vitesse professionnel n'a jamais été un sport comme le cyclisme ou le ski par exemple. Si vous incluez des sports récréatifs, c'est une autre histoire, mais quand même. Mogema n'a jamais été Salomon, Fila ou Rollerblade. Nous avons misé sur le marché du haut-niveau.

Du fait que nous n'avions pas une équipe très étoffée, j'ai été impliqué dans tous les dossiers, de la recherche et développement au marketing, aux ventes, au traitement des commandes, à la comptabilité. 

Avez-vous distribué d'autres produits d'autres marques ?

A partir de l'année 2000, nous avons signé un accord avec Rollerblade. Nous avons été partenaires avec leur équipe Internationale et nous avons travaillé en étroite collaboration pour développer de nouveaux produits, tels que les platines "clap" pour le roller en 2001.

Puis nous avons collaboré à l'époque où les tailles de roues ont augmenté de 80 à 110 mm. Nous avons eu un accord de licence entre Rollerblade a Mogema pour des platines de vitesse qui équipaient leurs modèles haut de gamme. Ils ont utilisé une partie de notre technologie Dualbox ®.

Kalon Dobbin aux championnats du Monde en 2001 à Valence (Espagne)

A part cela, nous avons vendu des roues Hyper, et plus tard Labeda. Nous avons également eu un partenariat avec SKF et fait quelques projets ensemble dans le but d'améliorer la technologie de roulement pour le patinage. 

Les platines Mogema étaient très célèbres dans les milieux de la descente mais aussi de la vitesse. Comment l'expliques-tu ?

Cela a à voir avec la bataille juridique que j'ai mentionné. Mogema a été limité du fait de ne pas pouvoir sortir de platine à triple vide, comme tout le monde faisait à l'époque. Triple-vide signifie que le profilé extrudé qui est la base de la platine se compose de 3 parties : une va devenir le pont arrière, la seconde le pont avant et la 3ème le pont de renfort entre les roues.

J'ai dû penser à une autre façon de donner la rigidité à la platine, sans l'utilisation de cette 3ème partie. Puis, l'idée m'est venue de faire des rails latéraux tubulaires. Avant de produire ceux-ci, nous avons fait beaucoup d'analyses dans le laboratoire de Rollerblade et des calculs informatiques. Ils ont montré que le DualBox® était encore mieux qu'un châssis triple couche !

Le lancement n'aurait pas pu mieux démarrer : Jorge Botero (Rollerblade International) a remporté la Coupe du Monde à Rome en avril 2000 avec ces nouvelles platines. C'était la première course de la saison. 

Comment ont été choisis les noms des sociétés Mogema et Cadomotus ?

Le nom Mogema est un acronyme de "fabrique de machine moderne" (en néerlandais). CadoMotus signifie « mouvement de chute » dans la langue latine. Ce « mouvement de chute » est l'essence de tous les sports patinage de vitesse. C'est ce qui rend ce sport techniquement avancé et si beau à regarder.

Quand as-tu décidé de quitter Mogema pour lancer Cadomotus ?

Equipe Mogema 2004Nous avons fait des erreurs avec Mogema. Nous avons réalisé des investissements au mauvais moment. Quelques fois, j'ai été obligé de le faire, alors que j'étais en désaccord. Nous n'avons pas embauché les bonnes personnes, nous avons fait de gros achats, sans aucune certitude sur le fait de pouvoir écouler cette marchandise. Au bout du compte, les investisseurs menaient la danse. Mogema n'était pas ma propre entreprise, ce n'était pas mon argent.

J'ai pensé que je pouvais faire mieux, mais je voulais travailler pour moi-même et de prendre mes propres décisions. CadoMotus est financé avec mon propre argent, pour une grande partie. J'ai 2 partenaires d'affaires, un fabricant de chaussures (Paul Marchese) et Victor van den Hoff qui possède Free-skate. 

Possédez-vous votre propre usine ?

Nous coopérons avons un groupe choisi de fournisseurs comme Mearthane Products Group (MPC) aux Etats-Unis, Davide Mariani en Italie pour les chaussures et certaines très bonnes sources à Taïwan, la capitale de l'industrie de la moto dans le monde. Nous partageons une relation très étroite avec chacun d'eux, que ce soit dans le temps, dans la gestion des risques et de l'argent afin de faire de meilleurs produits. Il s'agit de créer une vraie valeur ajoutée, pas simplement de faire du volume et des prix.

Combien de personnes travaillent pour Cadomotus?

Nous avons un noyau de quatre personnes clés qui gèrent l'administration, les finances, le traitement des commandes, l'entreposage, les ventes mais aussi tout les travaux de recherche et développement. Puis il y a moi en tant que directeur général. Hormis ce personnel clé au bureau, nous collaborons avec des indépendants qui nous assistent dans le développement  de l'activité en ligne par exemple. Les ventes mondiales sont organisées via un réseau de revendeurs, de distributeurs et de représentants exclusifs.

Quelles marques distribuez vous ? Sur quels territoires ?

  • CadoMotus est notre propre marque de roller, que ce soit pour les pratiquants loisir la compétition ou le haut-niveau.
  • Marchese est notre marque pour les mêmes segments mais sur la glace.
  • Nous sommes distributeurs européens pour les roues MPC et les roulements Bones.
  • En outre, nous vendons dans le monde entier des chaussures Mariani et des platines en carbone EO Skates.

Comment-vois tu le marché des platines pour les années à venir ?

Nous allons progressivement vers un marché de la platine sur mesure, en fonction du patin. La platine ne peut pas être considérée indépendamment de la chaussure ou des roues. On peut avoir une platine plus rigide, mais plus de flexibilité dans les roues ou vice versa. La platine peut avoir les ponts plus bas avec une chaussure qui a des blocs de montage plus grands ou l'inverse. Ainsi, un fabricant de châssis doit travailler en étroite collaboration avec un producteur de roue et le bottier afin de créer le patin parfait pour un athlète. Je crois qu'il va y avoir une autre transition de la structure carbone de la chaussure pour platines en aluminium également.

Quel est le chiffre d'affaire annuel de Cadomotus?

Dual Box 5

Un peu plus d'un million d'Euros.

Quels sont vos projets chez Cadomotus pour le futur ?

Notre objectif actuel est de nous développer sur glace, à la fois en longue piste et en courte piste. Nous avons un concept unique qui ouvre la porte à un nouveau type de produit qui nécessite une préparation différente. C'est une route très difficile que nous empruntons, parce que le marché de la vitesse sur glace est typiquement traditionnel. Mais si vous voulez pousser le sport à un autre niveau, vous ne devez pas avoir peur de prendre des routes difficiles. On se souvient par exemple du patin clap qui a mis plus de 20 ans à trouver une légitimité. Maintenant tout le monde l'utilise.

Concernant le roller, nous travaillons sur une nouvelle roue. C'est difficile, mais nous disposons des connaissances nécessaires, du bon environnement et des partenaires pour mener ce projet à bien. C'est une pièce essentielle dans une paire de roller et nous voulons contrôler et faire correspondre ce produit avec nos platines et nos chaussures.

Galerie de photos

Equipe Rollerblade 2002

Logo Mogema

Liens utiles

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Publi-reportage sur la marque Cadomotus partie 1 | partie 2 | partie 3 | partie 4 | partie 5

Test des platines CadoMotus 4 x 110 mm

www.cadomotus.fr

Interview par Alfathor
Photos : Cadomotus & Mogema
Mis en ligne  le 28 janvier 2013 - Lu 24055 fois

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Fondateur et webmaster de rollerenligne.com. Alexandre est un passionné de roller en général et sous tous ses aspects : histoire, économie, sociologie, évolution technologique... Ne le branchez pas sur ces sujets sans avoir une aspirine à portée de main !

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